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Insécurité galopante à Etam-Bafia à Yaoundé : populations et chefs de quartiers s’accusent mutuellement - l'ecojudiciaire
<strong>Insécurité galopante à Etam-Bafia à Yaoundé : populations et chefs de quartiers s’accusent mutuellement</strong>

Insécurité galopante à Etam-Bafia à Yaoundé : populations et chefs de quartiers s’accusent mutuellement

Alors que les habitants déplorent le manque d’implication des responsables de secteurs Awae IV et III dans la lutte contre le banditisme, et leurs complicités avec les bandits, ces autorités en retour assurent que le comité d’autodéfense initié par les jeunes en vue de protéger les populations regorgent lui même des criminels qui s’adonnent au quotidien à l’arnaque, agression, pillage, trafic de drogue et vol à ciel ouvert. D’où le retard de l’installation officielle des membres de ce comité d’autodéfense par le Sous-préfet de l’arrondissement de Yaoundé IV dont l’arbitrage est attendu.

Par Destin André Mballa

 Le quartier Etam-Bafia dans l’arrondissement de Yaoundé IV a conservé sa réputation criminogène d’antan. Ici, c’est quasiment le Far West, où certains malfrats dictent leurs lois. C’est aussi le lieu par excellence du trafic de toutes sortes de drogues : cannabis, taille, chanvre indien etc. des stupéfiants qui détruisent la jeunesse et empêchent l’évolution du quartier.

Selon les témoignages, des cas de vol à main armé, viols, vol de sacs à main, vol de téléphone, motos, voitures sont légion ici. Les auteurs de ces forfaits opèrent à l’aide des couteaux, machettes, lames, tournevis, gourdins et même des armes à feu.  Des faits qui se produisent selon certaines sources sous le regard indifférent et parfois complice de quelques éléments de police et gendarmerie habitants dudit quartier.

Ce jeudi 11 janvier 2024, dans ce quartier qui baigne aussi dans une insalubrité notoire, un sujet est encore d’actualité: l’interpellation de quelques jeunes la veille accusés de vol de moto et bien d’autres choses. Un certain Belinga qui, apprend-t-on, auditionné au commissariat de Nkoldongo vient d’être relâché tandis que ses coaccusés restent en garde à vue.

Mais le cas du jeune Belinga est moins grave car on apprend de plusieurs témoignages l’assassinat d’un jeune il y a deux semaines environ. Ses bourreaux mis aux arrêts se trouvent actuellement à la prison centrale de Kondengui. Toujours dans le même intervalle, on apprend qu’un repris de justice venait d’être assassiné. A ceci s’ajoutent des cas de vol dans les domiciles et viol.

Ici, la plupart des populations gardent les portes de leurs habitations fermées. Sur le terrain, notre guide renseigne formellement sur les habitations qui hébergent les vendeurs de chanvre indien et où on peut s’en procurer. Face à cette insécurité galopante quelques jeunes du quartier visiblement de bonne moralité ont  initié et mis sur pied un comité d’auto-défense depuis le 12 septembre 2023 en vue de protéger le quartier.

Un comité d’autodéfense qui n’a toujours pas été installé par le Sous-préfet de l’arrondissement de Yaoundé IV et qui est aujourd’hui au centre d’une vive polémique entre les jeunes qui le compose, les populations et les chefs des quartiers Awae III et IV.

D’un côté, les populations et les jeunes, membres du comité d’autodéfense de Etam-Bafia accusent les chefs surtout Awae IV de son manque d’implication dans cette lutte qu’ils mènent contre l’insécurité dans leurs quartiers. Bien plus les autorités de ces secteurs sont même accusées de soutenir le banditisme et de protéger les criminels.

Des allégations soutenues par ceux-là qui pensent que leurs chefs ne défendent pas valablement les intérêts des quartiers à la Sous-préfecture et rament même à contre courant des initiatives des jeunes en matière de sécurité auprès du Sous-préfet de Yaoundé IV. Des accusations graves qui nous ont amené à nous rapprocher de ces chefs pour obtenir leurs versions.

Le chef du groupement d’Etam-Bafia et celui d’Awae III indisponibles, c’est celui de Awae IV, Sa Majesté Philippe Minkoulou, natif du coin qu’on a pu rencontrer. L’autorité traditionnelle assure ne pas être contre le comité d’autodéfense qui pour lui est même salutaire pour la sécurité de son quartier. Ce qu’il déplore par contre, ce sont les actes délictuels et criminels que posent certains jeunes membres dudit comité.

Clandestinité

L’arnaque des usagers de la route, le vol, le pillage et des agressions. Ainsi, au lieu de protéger, le comité d’autodéfense dévient plutôt un danger pour la sécurité des populations d’Etam-Bafia selon Sa Majesté Minkoulou. « Je ne suis pas contre l’autodéfense mais je suis contre ce qui se passe derrière l’autodéfense. Le sous-préfet m’a envoyé une note indiquant que c’est moi qui envoie ces jeunes du comité d’autodéfense en route faire de l’arnaque. Je suis fonctionnaire, j’ai un salaire et une famille. Parce qu’au lieu de faire l’autodéfense, ils arrêtent des voitures, arnaquent les automobilistes, ils mettent des barrières sur la voie publique ce qui est interdit par le président de la République. Derrière l’autodéfense, il y en a qui vendent de la drogue. Et je ne peux pas soutenir le faux. Raison pour laquelle j’ai écrit au Sous-préfet de Yaoundé IV pour lui dire que l’autodéfense n’existe pas à Awae IV par conséquent ce comité est illégal et fonctionne dans la clandestinité », a-t-il expliqué.

Le chef du quartier Awae IV, Sa Majesté Philippe Minkoulou assure que sur 100% des jeunes qui constituent le comité d’autodéfense, 80% sont de moralité douteuse. Lui qui n’est pas contre cette initiative invite cependant ces jeunes à une concertation pour définir au préalable les bases de ce comité et encadrer son fonctionnement.

Il est question pour lui d’assainir ce comité d’autodéfense qui selon lui regorge des bandits qui alimentent plutôt l’insécurité au lieu de la combattre. Sans ces bases il ne pourrait pas solliciter l’onction de l’autorité administrative.

En attendant, une personne ressource du quartier dont nous préférons taire le nom pour des raisons de sécurité s’active avec les forces de maintien de l’ordre pour intensifier les rafles dans ce quartier qui reste l’un des foyers de l’insécurité et de l’insalubrité dans la capitale politique du Cameroun qu’est Yaoundé.

Réactions

Nguema Gabriel Notable de la chefferie Awae IV à Etam-Bafia

« Le chef n’encourage pas l’autodéfense »

Nous voulons aussi l’implication de l’autorité du quartier dans ce que font les jeunes pour lutter contre l’insécurité dans ce quartier. Vous voyez normalement il faut que les chefs du quartier adhèrent ils doivent adhérer à 100% et il parait qu’ils n’adhèrent pas à 100%. Beaucoup de chose ne marchent pas pour le quartier à la sous-préfecture parce que le chef fait blocus, le chef n’encourage pas l’autodéfense

Médi Atangana, responsable de l’autodéfense Awae IV à Etam-Bafia.

« Nous continuons de protéger le quartier »

Nous avons mis le comité d’autodéfense sur pied parce que la situation est devenue intenable à Etam-Bafia. L’insécurité est alimentée par de nombreux jeunes qui viennent d’ailleurs et qui volent, agressent, violent, pillent et tuent même. Et depuis qu’on a mis ça sur pied je trouve qu’il y en a même qui se plaignent même qu’on fait mal aux habitants d’Etam-Bafia. Des grandes personnes qu’on respectait déjà ces gens se mettent de côté quand on dit qu’on va voir le Sous-préfet pour déjà nous établir un papier qui atteste que le comité de vigilance est sur pied à Awae IV. Nous on continue de protéger le quartier. Nous avons mis les lampadaires un peu partout pour l’éclairage  public grâce à nos efforts financiers personnels. Les gens disent qu’Etam-Bafia c’est un mauvais quartier, ce n’est pas les gars d’Etam-Bafia qui rende ça mauvais, mais des petits gars qui viennent un peu de partout qui nous mettent mal à l’aise, avec du vol, agression.

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