Lutte contre les mutilations génitales féminines: la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun met la justice face à ses responsabilités
L’institution que préside le Pr James Mouangue Kobila a dans une déclaration le 6 février 2024 à Yaoundé rappelé les dispositions du Code pénal qui condamnent ces pratiques considérées comme une violation des droits à la vie, à l’intégrité physique à la santé et à la sécurité de la femme et de la fille. C’était à l’occasion la célébration de la 17e édition de la journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines.
Par Destin André Mballa
Le mardi 6 février 2024 le Cameroun a célébré la 17e édition de la journée internationale de la tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines ( MGF). A cette occasion, la Commission des Droits de l’Homme du Cameroun (CDHC) est vent debout dans une déclaration pour une fois de plus barrer la voie à ce fléau qui dévalorise la femme et la fille en violation de la loi fondamentale du Cameroun, la Constitution du 18 janvier 1996, qui indique que : « [toute personne a droit à la vie et à l’intégrité physique et morale, [qu’elle] doit être traitée en toute circonstance avec humanité [et qu’en] aucun cas, elle ne peut être soumise à la torture [ni] à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ».
En évoquant le préambule de la Constitution du Cameroun, la CDHC rappelle aussi dans sa déclaration pour mettre en garde les auteurs, les dispositions du code pénal qui condamnent ces pratiques qui portent atteinte aux droits de la femme et de la fille. Elle convoque ainsi l’article 277 du Code pénal à son alinéa 1 qu’ “est puni [d’un emprisonnement de dix (10) à vingt (20) ans] celui qui procède à la mutilation de l’organe génital d’une personne, quel qu’en soit le procédé ;[l]a peine est l’emprisonnement à vie :- si l’auteur se livre habituellement à cette pratique ou s’il le fait à des fins commerciales ;si la mort de la victime en résulte”.
Dans le même Code pénal, la Commission convoque l’article 350 qui comme les articles 275, 277 et 278 prévoit des peines allant de l’ emprisonnement à vie à la mort si les infractions visées dans lesdits articles ont été commises sur un mineur de quinze (15) ans, et les peines prévues par les articles 279 (1), 280 et 281 sont, dans ce cas, doublées. Une invite de la CDHC à la justice à jouer pleinement son rôle pour éradiquer ces pratiques sauvages et barbares. Cependant,même si elle appelle à la répression à travers l’application des dispositions de la loi pour mettre fin à ce fléau, la CDHC redoute toujours fois un retour des exciseuses aujourd’hui abandonnées par les pouvoirs publics et une amplification du fléau.
sensibilisation
«La Commission déplore effet le manque d’accompagnement financier au profit des exciseuses de la Région de l’Extrême-Nord pour l’entretien du tracteur reçu du Gouvernement et le risque de retour de ces exciseuses à cette pratique inhumaine pour assurer leur survie», déclare-t-elle. Raison pour laquelle la CDHC compte surtout sur son arme préférée dans ce combat : la sensibilisation.
Ainsi, elle recommande aux pouvoirs publics de densifier «les campagnes de sensibilisation des communautés où se pratiquent les MGF, à travers des causeries éducatives, des conférences, des tables rondes et l’intervention dans les médias communautaires, aussi bien dans les langues officielles que dans les langues locales, notamment dans des zones rurales où le taux d’alphabétisation est faible et la pratique des MGF récurrente». Rappelons que les adeptes de ces pratiques selon la CDHC prétendent que les MGF. « rendent les filles socialement et culturellement acceptables».
Pourtant, elles constituent en réalité des formes extrêmes de domination masculine, banalisées en raison du rôle central des femmes dans la perpétuation du rituel. Le thème de cette 17e journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines «Sa voix compte pour son avenir : investir dans les mouvements dirigés par les survivantes pour mettre fin aux mutilations génitales féminines», est donc assez évocateur en ce sens qu’il appelle désormais à la vigilance, la veille et la dénonciation en vue d’une réponse efficace de la justice pour la persévérance des droits de la femme et de la fille.