Échanges commerciaux : le Cameroun négocie son retour au sein de l’Agoa à Washington pour éviter un surendettement
Des discussions sont en cours à cet effet selon le ministre de l’Economie, la Planification et de l’Aménagement du territoire, Alamine Ousmane Mey, qui l’a révélé le 10 avril dernier à l’issue d’une rencontre avec le groupe de réflexion Atlantic Council en marge de l’Assemblée générale du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale aux Etats-Unis.
Par Destin André Mballa
Le Cameroun veut réintégrer « l’African Growth and Opportunity Act », ce régime préférentiel qui permet aux pays d’Afrique subsaharienne d’exporter leurs produits vers les États-Unis sans droits de douane, pour accroître ses recettes d’exportation et conjurer le risque d’une crise de la dette.
C’est ce qu’a révélé le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat) camerounais, Alamine Ousmane Mey au sortir des échanges avec le groupe de réflexion Atlantic Council en marge de l’Assemblée générale du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale.
Alamine Ousmane Mey a souligné la nécessité d’un retour du Cameroun à l’Agoa pour prévenir une éventuelle crise de la dette. «La couverture du service de la dette par les exportations doit être améliorée. C’est la raison pour laquelle nous sommes classés dans une position de surendettement à haut risque», a déclaré Alamine Ousmane Mey.
Accusé de violation grave des droits de l’homme par les forces de défense et de sécurité dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en proie à la guerre de cession, les États-Unis, sous l’administration du président Donald Trump avaient alors exclu le Cameroun du programme Agoa en octobre 2019.
Des accusations que l’État du Cameroun a toujours démenti en indiquant que les opérations militaires visent uniquement à préserver l’intégrité territoriale du Cameroun et à sécuriser les personnes et les biens face aux exactions des séparatistes qui violent, pillent et tuent à la fois les populations civiles innocentes et les éléments des forces de défenses et de sécurité.
Si les risques de surendettement semblent élevés selon le Minepat, il faut toutefois noter les trois ans de suspension du Cameroun de l’Agoa n’ont pas eu un véritable impact sur l’économie nationale. Car le Cameroun selon l’Ambassade des États-Unis à Yaoundé utilisait déjà très peu le mécanisme de l’Agoa pour les exportations avant la suspension. La représentation diplomatique parle ainsi de 28,3% du taux des exportations des produits camerounais sous le régime de l’Agoa.
Selon les données officielles de la chancellerie américaine à Yaoundé, les exportations camerounaises vers les États-Unis s’élevaient par exemple à 63 millions de dollars sur 220 millions de dollars sous l’Agoa en 2018. On apprend également que 90% de ces exportations concernent uniquement le pétrole brut.